Rapport

LA CONSTRUCTION DES PREMIERS PARCS ÉOLIENS EN MER BAT SON PLEIN – RAPPORT COMPLET

ÉDITO : POUR l’avenir, une planification des énergies renouvelables en mer à concrétiser

Cette nouvelle édition du rapport de l’Ob­servatoire des énergies de la mer en témoigne : la filière tient ses promesses du pacte pour l’éolien en mer avec un rythme de création d’emplois sur la route des 20 000 promis pour 2035 et déjà 8301 dès la fin 2023. C’est un véritable changement d’échelle qui se déroule sous nos yeux avec la multiplication des chantiers de construction de parcs qui représentent des investisse­ments majeurs (plus de 3,3 milliards) pour une filière française compétitive, capable de capter une grande partie de cette activité comme des marchés export dynamiques, ainsi qu’en témoigne la forte hausse du chiffre d’affaires (3,5 milliards).

D’autres relais de croissance s’annoncent avec l’arrivée de l’éolien flottant et ses trois fermes pilotes précé­dant de prochains parcs commerciaux, ainsi que de l’hydrolien dont le développement des fermes pilotes avance dans l’attente du lancement d’appels d’offres commerciaux. Ce sont toutes les régions littorales qui bénéficient de ce dynamisme dont le maintien dépend du rythme et des volumes mis en appel d’offres dans les prochains mois. Le débat public «la mer en débat» qui a débuté en 2023 permettra une planification concertée pour atteindre l’objectif de 45 GW.

La filière française des énergies de la mer contribue désormais de façon non négligeable à la diversifica­tion nécessaire de notre mix énergétique tout en pré­servant l’équilibre fragile entre prix compétitif pour le consommateur et retombées locales pour nos terri­toires. Cette énergie renouvelable répondra en partie à l’en­jeu stratégique de la décarbonation des activités mari­times. La question de l’approvisionnement en énergie primaire est, en effet, aujourd’hui une priorité cruciale pour la compétitivité de la filière maritime et la souve­raineté française. Pour cela, la mobilisation de la filière de production est essentielle, tout comme la poursuite des investissements dans la recherche et le dévelop­pement.

Un point de vigilance, la filière des énergies marines renouvelables, génératrice d’emplois, doit également faire connaitre ses différents métiers aux jeunes afin d’assurer le recrutement nécessaire au développe­ment de ses projets : ceux liés aux travaux en mer ainsi qu’à l’exploitation et la maintenance. Il s’agit égale­ment de l’un des chantiers prioritaires du Cluster Mari­time Français.

NATHALIE MERCIER-PERRIN

Présidente du Cluster Maritime Français

LES CHIFFRES CLÉS DE LA FILIÈRE

DES ÉNERGIES MARINES RENOUVELABLES FRANÇAISES EN 2023

1,8

TWh

C’est la quantité d’électricité qui a été produite en 2023 par les parcs totalement (480 MW) ou partiellement (360 MW) en service soit l’équivalent de la consommation électrique de 500 000 foyers.

2

Mds€

C’est le chiffre d’affaires global de la filière en 2023, soit le plus haut niveau historique, dont 1,45 Md€ à l’export.

8 301

ETP

Il s’agit du nombre d’emplois que comptabilisait la filière fin 2023. Une hausse de 793 emplois nets créés par rapport à l’an dernier.

3,8

Mds€

C’est le montant des investissements réalisés par les acteurs de la filière en 2023. 88% de cette somme a été investie par les développeurs-exploitants pour la construction des projets.

5 parcs commerciaux et 3 fermes pilotes en construction, des activités qui s’amplifient

Fin 2023, 5 parcs commerciaux d’éo­lien posé ainsi que 3 fermes pilotes flottantes étaient en construction au large des côtes françaises, représentant une future capacité installée de 2 500 MW. Celle-ci viendra s’additionner au 480 MW déjà mis en service sur le banc de Guérande pour un total de près de 3 000 MW mis en service à fin 2025. A cet effet, les énergéticiens ont investi plus de 3,3 milliards d’euros en 2023 (+400 M€).

Ce record d’investissements a été réalisé dans le cadre de la construction de parcs et des raccordements associés issus des deux pre­miers appels d’offres nationaux. Pour les parcs du premier appel d’offres : installation des éoliennes à Saint-Brieuc et Fécamp ainsi que la sous-station électrique à Courseulles. Pour les parcs du second appel d’offres, l’heure était au début des travaux : préparation du sol pour Yeu-Noirmoutier et fabrication des composants pour ce dernier et celui de Dieppe Le Tréport. Aussi, les trois raccor­dements des parcs de l’AO 1 ont été mis en service par RTE en 2023.

La région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur a été le théâtre d’une première mondiale avec l’installation de 3 éoliennes sur des flotteurs de type TLP (Tension-Leg Plaform). Ces éoliennes appartiennent à la ferme pilote Pro­vence Grand Large qui devrait être opérationnelle à la ren­trée 2024. En parallèle, la construction des flotteurs pour les fermes pilotes Éoliennes Flottantes du Golfe du Lion et Eol­Med s’est poursuivie respectivement à Fos-sur-Mer et Port-La Nouvelle.

Un chiffre d’affaires record à l’export

Jamais autant de projets n’avaient été simultanément en construction en France (8 au total) et cela se traduit au niveau du chiffre d’affaires global qui a connu une augmentation d’1,7 milliards d’euros sur un an. Ceci est le fruit des niveaux records atteints par les chiffres d’affaires domestiques et à l’export. Le premier a bondi de 700 M€ en 1 an pour atteindre 2 Mds€ (ce qui représente 62% des investissements des déve­loppeurs contre 45% l’an dernier), témoignant de la cap­tation de marchés relatifs à la construction des parcs nationaux. L’augmentation du chiffre d’affaires est encore plus forte à l’export avec un résultat qui a triplé en un an pour afficher près d’1,5 milliards d’euros en 2023 (pour comparai­son, le chiffre d’affaires à l’export de la filière navale française était d’environ 7 Mds€ en 2022), dans un marché mondial en forte croissance (à noter le décollage du marché américain). Ces résultats démontrent la compétitivité des entreprises françaises et témoignent du fait qu’elles peuvent se posi­tionner sur les 2 marchés simultanément.

Les activités de fabrication et d’assemblage engendrent les ¾ du chiffre d’affaires national pour les prestataires et fournisseurs de la chaîne de valeur, confirmant le caractère industriel de la filière française. Avec plus de 2,4 milliards d’euros, ce secteur d’activité a vu son résultat doubler en un an. Celui-ci est donc principalement généré par des grandes entreprises (78%), dans des régions où se trouvent des usines de production (70% générés en Normandie et Pays de la Loire). Les activités de construction et d’opérations en mer représentent 11% du chiffre d’affaires et ont généré 335 M€ en 2023 (400 M€ en 2022). Les opérations d’exploitation et maintenance ont quant à elles généré 269 M€ (+163 M€). A l’image de l’an dernier, 25 entreprises déclarent un chiffre d’affaires supérieur à 10 M€ en 2023 (13 en 2021).

PACTE ÉOLIEN EN MER : ENGAGEMENTS TENUS !

À travers le « Pacte pour l’éolien en mer » signé avec le Gou­vernement, la filière nationale s’est engagée à atteindre 20 000 emplois sur le territoire d’ici 2035 dans le cadre de l’attribution d’environ 2 GW de projets par an dès 2025 et une capacité installée de 18 GW en 2035 et de 40 GW en 2050 (cet objectif de puissance installée a depuis été porté à 45 GW). Avec une moyenne de 1 243 emplois créés sur les 5 dernières années (soit 6 217 ETP), la filière respecte ses engagements. Par ces chiffres, la filière prouve sa capacité à créer significativement de l’emploi lorsque des parcs sont en construction sur le territoire national. Ceci constitue un argu­ment de taille pour le lancement des appels d’offres annon­cés concernant l’éolien en mer et l’hydrolien. A noter qu’aucun nouveau projet de construction n’est prévu de démarrer avant 2026, avec les travaux relatifs au parc de Dunkerque. Les leviers de croissance de la filière résideront donc dans la maximisation du contenu local pour les presta­tions en cours, les opérations de maintenance ainsi que les marchés à l’export.

L’hydrolien à l’aube de la construction des fermes pilotes

Les autorisations administratives permettant le déploiement des premières hydroliennes dans le Raz Blanchard (Manche) ont été publiées fin 2023. Accordées pour une exploitation de vingt-cinq ans, elles ouvrent la voie à la construction des deux fermes pilotes françaises. Ces projets pourraient être mis en service d’ici 2027. Le projet FloWatt aura une capacité installée totale de 17,5 MW, qui en fait la ferme hydrolienne la plus puissante au monde. HydroQuest est prêt à lancer la production des turbines dès 2024 et attend une ultime vali­dation de l’Union européenne. Le projet NH1 présentera quant à lui une capacité installée de 12 MW. Il ne manque plus que l’obtention d’un tarif d’achat de l’électricité et une aide publique à l’investissement pour sa réalisation. Dans ce contexte, les investissements effectués pour cette technolo­gie ont augmenté de 4 M€ en un an pour atteindre 9 M€. Ils devraient croître fortement avec le début de la construction des fermes (2025), tout comme les emplois (144 ETP en 2023) et le chiffre d’affaires (4,4 M€). Conformément à l’annonce du Président de la République aux Assises de l’économie de la mer en novembre 2023, les professionnels du secteur attendent la sanctuarisation de volumes d’appels d’offres commerciaux pour la prochaine Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE). Ces derniers permettront à la filière de se structurer, d’investir et de créer de nouveaux emplois.

AUTRES ÉNERGIES OCÉANIQUES ET SOLAIRE FLOTTANT : DE NOMBREUX DÉMONSTRATEURS À L’ESSAI

Solaire flottant

Mise à l’eau en 2023 d’un premier démonstrateur par SolarinBlue dans le port de Sète puis d’un deuxième par HelioRec dans le port de Brest en fin d’année.

Houlomoteur

Le site d’essais en mer de Saint-Anne du Portzic a accueilli un nouveau prototype porté par la start-up Seaturns en 2023, et ce pour une durée prévue de 10 mois.

Production d’hydrogène en mer

Sealhyfe, le 1er pilote de production d’hydrogène offshore grâce à de l’énergie houlomotrice, a été installé en 2023 au large du Croisic sur le site du SEM-REV.

Energie osmotique

L’entreprise Sweetch Energy a levé 25 M€ en prévision du déploiement de sa technologie au sein de sa future station à Port-Saint-Louis-du-Rhône.

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